Prélude : Une découverte renversante

L’été venait de faire son apparition, les premières chaleurs, saison des cocktails sur les terrasses, des barbecues entre ami ou encore des maillots sur la plage sur la côte atlantique. Le docteur Langford affectionnait particulièrement cette période de l’année, c’était synonyme de vacance ou de fouilles archéologiques suivant les cas. Lorsqu’il n’était pas à quatre pattes dans la poussière avec un pinceau pour déterrer une mosaïque romaine datant du 3e siècle après Jésus Christ, Marc Langford partait pour une destination au soleil avec un vieil ami de Stanford ou rendait visite à sa famille au Canada. Le regard fuyant à travers le hublot en songeant à tout cela, sa mine était peu enthousiaste en admirant le paysage qui s’offrait à lui. Certes magnifique, le Gröenland n’était pas spécialement réputé pour ses plages ou ses boissons alcoolisés réduisant grandement l’excitation du jeune homme. Pourtant cela semblait prometteur lorsque le Docteur Bernard Fosse avait déboulé dans son bureau de l’Université de la Sorbonne à Paris pour lui annoncer qu’un ami à lui, photographe, lui avait fait parvenir une série de clichés accompagnés d’une légende locale de la région de Qeqertarsuaq, située sur la côte Ouest du Gröenland. Quelle fût sa frustration quand Langford apprit que le duo d’archéologue n’iraient toujours pas sous le soleil du Mexique ou autres destinations sous les tropiques mais plutôt au fin fond du pôle Nord entouré de phoques et d’icebergs couvert d’un énorme manteau bien chaud. D’habitude d’humeur maussade et aigri, le Docteur fosse paraissait étrangement excité à l’idée de rejoindre le lieu où son ami avait réalisé ces photographies, cependant Langford soupçonnait le professeur émérite de prendre un plaisir particulier à le contrarier. Le jeune professeur ne pensait pas qu’en acceptant ce poste d’assistant deux ans auparavant lui permettrait d’effectuer de simples fouilles usuelles en Europe, en particuliers dans le Sud de la France et maintenant qu’ils ont l’occasion de quitter le continent, il faut que ce soit pour les températures extrêmes du grand Nord. Pourtant la réputation du Docteur Bernard Fosse, de 30 ans son aîné, le précédait, responsable du département archéologique, il avait parcouru les quatre coins du globe pour faire des découvertes incroyables, surtout en Amérique centrale et souvent, oubliait les règles pour s’aventurer dans des contrés improbables pour rapporter des artefacts toujours plus surprenants les uns que les autres. Avec le temps, il était devenu un simple universitaire aigri par la vie, plutôt discipliné et d’une organisation infaillible. Langford se demandait s’il ne valait pas mieux qu’il cherche un autre poste peut être même dans une autre faculté. Les nuages se dissipèrent pour dévoiler la ville de Kangarlussuaq, seul aéroport internationale du pays, et une jolie voix féminine annonça la phase d’atterrissage dans la langue de Shakespeare. Une fois les pieds sur le tarmac, Langford referma son manteau jusqu’au menton dû au froid glacial qui régnait avant de regarder le paysage s’offrant à lui. Il vit un environnement stérile avec de la verdure éparse sans le moindre arbre, dépourvu d’habitations ou autres immeubles jalonnant traditionnellement les aéroports internationaux en Europe et la froideur des bâtiments n’arrangeaient pas vraiment la chaleur accueillante des lieux. Heureusement, le ciel bleu et le soleil éclatant aiguayés quelque peu leur arrivé. Cela n’avait pas l’air d’inquiéter le professeur Fosse, il frôla l’épaule du jeune québécois avec le sourire aux lèvres en l’encourageant à accélérer le pas.